Edit : Le service mentionné dans cet article, MyKindex, a été interdit par Amazon en septembre 2013.
Il y a quelques jours, dans la foulée de sa première campagne de promotion d’auteurs autopubliés, j’ai publié un billet sur le site mykindex.com, sa stratégie marketing et ses résultats. Ces derniers étaient impressionnants. Au lendemain de la promotion, les dix titres en promotion se trouvaient dans le top 100 des ventes Kindle Amazon, et 7 d’entre eux étaient dans le top 20. La veille, le titre le mieux placé était en 668ème position. Deux jours après, la plupart des titres étaient encore bien classés. Dix jour plus tard, voyons comment les choses ont évolué :
Avant la campagne MyKindex | À 8h30 le 9 avril 2013 | À 3h30 le 11 avril 2013 | À 13h le 19 avril 2013 | |
Rémoras | 668 | 18 | 24 | 161 |
L’Homme qui voulait rester dans son coin | 2678 | 7 | 5 | 9 |
La Trappe | 3476 | 14 | 30 | 646 |
La Porte des Dieux | 59824 | 6 | 56 | 1477 |
L’Heure du Tigre | 24249 | 23 | 1 | 189 |
La Korrandine de Tevelune | 101301 | 11 | 46 | 1435 |
Sacré Christophe | 12850 | 3 | 27 | 612 |
Questions et réponses sur l’hystérectomie | 81934 | 31 | 163 | 5066 |
Lila Bonheur | 2452 | 32 | 33 | 213 |
Journal d’un proctologue | 3155 | 15 | 43 | 75 |
À première vue, on dirait que tout ne va plus si bien : 80% des livres ne sont plus dans le top 100. En passant, pourquoi cette obsession pour le top 100 ? Parce qu’Amazon publicise ses classements des meilleures ventes, à la façon d’un libraire exposant en têtes de gondoles ses livres les plus populaires. Beaucoup de lecteurs vont consulter ce qui se vend pour décider quoi acheter. Dès qu’un livre sort de ce classement, même d’une seule petite place, ses ventes chutent.
Donc, il ne reste que deux livres dans le top 100, et un dans le top 20. Et si aucun titre n’est retourné dans les oubliettes d’avant sa promotion, certains sont en bonne voie de le faire. Ça pourrait ressembler à un échec, un feu de paille qui s’éteint (presque) aussi rapidement qu’il a pris. Ce n’est pourtant pas mon avis. MyKindex se présente comme une rampe de lancement, et souligne qu’une fois dans le top 100, c’est au livre de s’y maintenir. Il n’y a pas de formule magique pour améliorer le contenu d’un livre ou accroître sa base de lecteurs potentiels. Ce qui explique vraisemblablement les résultats de certains titres. Sans remettre en question le contenu des « Questions et réponses sur l’hystérectomie » (que je n’ai pas lu, mais que j’aime bien prendre comme tête de turc), je doute de voir le jour où ce livre ou un titre similaire se vendra autant que le dernier Marc Lévy (que je n’ai pas lu non plus). MyKindex a donc offert à ces livres une place sur le podium, et après y être montés, la plupart en sont redescendus tranquillement pour dériver vers leur position naturelle. Mais certains, comme « L’homme qui voulait rester dans son coin » ou « Le journal d’un proctologue« , ont profité de cette opportunité pour se caler en haut du classement, obtenir plus de visibilité, susciter des ventes et des commentaires positifs, et ainsi rester « naturellement » dans le top 100. MyKindex n’a pas changé leur destin, il a simplement accéléré les choses.
Est ce que cette constatation m’a finalement amené à changer d’avis et à envisager d’utiliser ce service ? Toujours pas. Mais mes raisons ont changé. Si c’était le coté moral qui me gênait le plus auparavant, j’en reviens. Finalement, s’il s’agit simplement de hâter les choses, pourquoi s’en priver ? Je n’oublie pas pour autant le problème au coeur de ce système : si tout le monde l’utilise, il ne peut plus fonctionner. Et dans le cas contraire, parmi ceux qui n’ont pas les moyens de l’utiliser, il y en a peut être qui auraient « mérité » davantage d’être dans le haut du classement. Non, la véritable raison de mon abstention est que (sans trop de fausse modestie) je n’ai pas de titres qui soient suffisamment intéressants pour rester dans le top 100 ou simplement tirer avantage d’une visibilité temporairement accrue. Aujourd’hui en tout cas, mais dans le futur, qui sait…